Nos métiers

Vétérinaire

« On ne soigne pas une girafe et un piranha de la même manière ». Sylvie Laidebeure, vétérinaire au Parc zoologique de Paris, nous présente son métier.

Comment devient-on vétérinaire dans un parc zoologique ?

La formation initiale est commune avec celle des vétérinaires d'espèces domestiques : études dans une des quatre écoles vétérinaires françaises (Alfort, Lyon, Nantes, Toulouse).

En France, si les écoles proposent maintenant des cours sur les NACs (nouveaux animaux de compagnie), ceux sur les espèces sauvages sont encore très peu nombreux. La formation complémentaire passe donc essentiellement par des stages auprès de praticiens confirmés, le suivi de congrès nationaux et internationaux de médecine zoologique…

Enfin, il existe désormais un Collège Européen de Médecine Zoologique qui forme des spécialistes de cette discipline. Les débouchés sont cependant restreints, le nombre de postes de vétérinaires exerçant en parcs zoologiques étant limité.

Pourquoi ce choix ?

En ce qui me concerne, c'est une vocation qui m'anime depuis l'enfance. La passion pour le monde vivant, l'envie de se sentir utile, voir les animaux vivre au quotidien et participer à leur bien-être, agir directement et indirectement pour la conservation des espèces… Et le travail en équipe, qui est vraiment au cœur de notre métier.

Comment apprend-on à soigner une telle diversité d'espèces animales ?

Notre formation initiale nous apprend à avoir une démarche clinique qui est applicable pour toutes les espèces, même si, par la suite, il faut connaître les spécificités de chacune. On ne soigne pas une girafe et un piranha de la même manière !

Donc pas de mystère, il faut sans cesse se remettre en question, profiter de l'expérience de ses pairs, faire des recherches bibliographiques, participer à des congrès sur la médecine zoologique… On apprend tous les jours dans ce métier.

Et il est également essentiel de faire ensuite à notre tour profiter les autres de notre expérience par des publications scientifiques, la formation de jeunes vétérinaires…

Soins vétérinaires d'un maki catta, Parc zoologique de Paris

MNHN - F.-G. Grandin

Dans la clinique vétérinaire avec Sylvie

MNHN – C. Duwicquet

De quels équipements dispose le zoo pour le suivi de santé des animaux ?

Nous avons la chance de travailler dans un zoo dont la vocation scientifique, par son appartenance au Muséum national d’Histoire naturelle, est très forte. Il y a toujours eu des vétérinaires qui ont, génération après génération depuis 1934, amélioré les conditions de travail, l'équipement de la clinique et le savoir-faire de l'équipe.

La rénovation du zoo et sa réouverture en 2014 ont été une belle opportunité de rénover entièrement la clinique : nous avons ainsi un grand bâtiment de 130 m² dédié aux soins et à l'hospitalisation des animaux (dont la salle de chirurgie visible par le public), ainsi qu'une quarantaine pour l'accueil de nouveaux animaux et une salle d'autopsie séparée.

Nous disposons d’un équipement de pointe : radiologie numérique, échographe de grande qualité, matériel de réanimation et de suivi d'anesthésie, équipement d'analyses médicales, laser chirurgical... Tout notre matériel est transportable afin de pouvoir nous rendre au chevet d'un gros animal que nous ne pouvons pas transporter à la clinique : rhinocéros, girafe…

Combien y a-t-il de vétérinaires au zoo ? Vous appuyez-vous parfois sur des ressources humaines « extérieures » ?

Nous sommes trois vétérinaires, dont une résidente qui effectue actuellement sa spécialisation pour le Collège Européen, et nous sommes aidés pour les interventions par deux assistants vétérinaires (nos « infirmiers »). Nous assurons ainsi un fonctionnement de la clinique 7 jours sur 7, toute l'année.

Nous réalisons nous-mêmes la plupart des interventions de soins et de prophylaxie, mais effectivement certains cas particuliers nécessitent de faire appel à des spécialistes extérieurs : par exemple, pour la dévitalisation d'une dent du jaguar Aramis, un dentiste spécialisé est venu au zoo ; pour une chirurgie abdominale sur un zèbre, nous avons emmené l'animal à l'École Vétérinaire pour qu'il soit pris en charge par des chirurgiens équins…

Quelles formes d'échanges existe-t-il entre les vétérinaires des différents parcs zoologiques en Europe et dans le monde ?

Des associations professionnelles existent depuis plusieurs dizaines d'années, à l'échelle française, européenne et internationale. Des échanges sur des forums, ainsi que des conférences annuelles sont organisées.

C'est un milieu où les notions de partage d'expérience et de collaboration sont vraiment prépondérantes.

À quoi ressemble votre « journée type » ?

Nous prévoyons par avance certaines interventions médicales, et nous nous adaptons ensuite aux urgences du jour. Nous arrivons vers 8 h le matin, faisons un point avec le chef-soigneur sur les interventions prévues. Il part ensuite « en tournée », collecter toutes les observations qu'ont fait les soigneurs sur l'état de santé de leurs animaux (une boiterie, une naissance…) et nous fait un retour. Nous finalisons alors l'organisation de la journée, en priorisant les interventions les plus urgentes et les plus longues.

Pouvez-vous donner quelques exemples de soins réalisés, du plus classique au plus exceptionnel ?

C'est extrêmement varié : les plus classiques sont des soins de plaies, pansements, sutures (les babouins sont de bons « clients » !), les examens de routine comme lors de l'arrivée ou du départ d'un animal, ou encore les suivis de gestation.

Les soins exceptionnels sont par exemple les anesthésies des méga-herbivores comme les rhinocéros ou les girafes. Ces interventions mobilisent énormément de monde et nécessitent une grande organisation en amont et une coordination d'équipe.

Les soins réalisés au zoo permettent-ils aussi de mieux comprendre et connaître les espèces sauvages ?

Oui, nous apprenons tous les jours. C'est une discipline dans laquelle il reste encore beaucoup à découvrir.

De plus, il est extrêmement important dans notre métier de tenir compte non seulement de l'état médical d'un animal, mais également de son état psychologique : parfois, le stress d'être séparé de son groupe le temps d’un soin, pour un animal social, sera pire que de laisser une petite plaie cicatriser toute seule.

Nous sommes très attentifs au bien-être de nos pensionnaires, et très à l'écoute des soigneurs, qui sont ceux qui connaissent le mieux les caractères particuliers, la personnalité de chaque animal.

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