Myxomycète

Blob

Physarum polycephalum

Le blob n'est ni un animal, ni une plante, ni un champignon, mais il fascine par ses prouesses. Dans l’arbre du vivant, c’est un protiste, cousin des amibes, c’est-à-dire un organisme composé d’une seule cellule microscopique.

Des propriétés remarquables

Bien à l'abri dans des habitats sombres et humides, le blob sait se faire discret. Cet être unicellulaire étonne par ses surprenantes aptitudes. Alors même qu'il n'a ni bouche, ni estomac, ni yeux, il arrive parfaitement à détecter la présence de nourriture (de la matière organique morte couverte de champignons, bactéries et autres microbes) et à l'ingérer. Dépourvu de jambes, de pattes ou d'ailes, il se déplace en étirant sa membrane, à une vitesse pouvant aller jusqu'à 1 cm/h. Découpez-le en morceaux, le blob "cicatrisera" en très peu de temps ! Durant le stade microscopique de son cycle biologique, il n'a pas 2 types sexuels différents, mais 720. Le plus étonnant est sa capacité à résoudre des problèmes, présenter différentes personnalités, et même communiquer, alors qu'il est dépourvu de cerveau !

Reconnaître un blob

Dans de bonnes conditions, le blob grandit très vite et double de taille chaque jour. Les myxomycètes peuvent être de différentes couleurs (rouge, rose, blanc…), mais le blob, Physarum polycephalum, est reconnaissable à sa couleur jaune vif.

La vie d’un blob

Comment se nourrit le blob ?

Le blob passe par différentes formes au cours de son cycle biologique. Tout d’abord, il prend l’aspect gélatineux lorsqu’il se nourrit. Cette forme est appelée « plasmode » car la cellule contient des milliers de noyaux nécessaires à son fonctionnement et qui lui servent à former des spores. Dans la nature et selon son stade de développement, il se nourrit de bactéries ou de matière organique morte couverte de microbes. Ses uniques prédateurs seraient les limaces et certains scarabées. Lorsque la nourriture est épuisée, le plasmode arrête de se nourrir et se métamorphose pour se reproduire.

Reproduction du blob

À ce moment-là, chaque noyau du plasmode se divise en deux. Pendant ce temps, des pédoncules faisant penser à de la moisissure se développent. 

Les noyaux forment alors des spores contenues dans des sacs appelés « sporanges », à l’extrémité des pédoncules. Puis les sporanges s’ouvrent libérant une myriade de spores qui se dispersent emportées par le vent et tombent sur le sol ou sur les arbres morts. S’il y a de l’eau, les spores s’ouvrent à leur tour en libérant des amibes microscopiques. 

Si l’une d’entre elles en rencontre une autre amibe du même type sexuel, il ne se passe rien. Mais si l’autre amibe est de type sexuel différent, les deux fusionnent pour donner une cellule unique. C’est la reproduction sexuée. À l’intérieur, les noyaux fusionnent également et le noyau qui en résulte se met alors à se diviser d’innombrables fois en donnant pour finir des centaines, voire des milliers de noyaux identiques. Dans le même temps, la cellule grandit jusqu’à former un plasmode qui deviendra alors macroscopique, visible à l’œil nu, quelques fois géant. 

Des conditions de survie spécifiques 

Pour être actif, il faut qu’il fasse bon ou chaud, jusqu’à environ 30 °C, et que le temps soit humide. La fourchette optimale serait entre 18 et 24 °C. S’il fait trop chaud ou trop froid, il entre en dormance en formant une masse compacte, le sclérote, qui restera ainsi pendant de longues périodes jusqu’à ce qu’il se remette à pleuvoir et que la température redevienne supportable.  

Le blob étudié par les scientifiques

Au laboratoire, le plasmode est cultivé sur de la gélose en boîte de Petri, nourri par des flocons d’avoine. Beaucoup d’expériences ont déjà été menées à travers le monde et notamment à l’université Paul Sabatier de Toulouse par l’équipe d’Audrey Dussutour du CNRS. La chercheuse qui a donné le nom de blob à l’espèce Physarum polycephalum. Une de ces expériences, effectuée dans un labyrinthe, a montré que le plasmode se concentre où se trouve la nourriture.

Rencontre avec le blob

Un blob dans votre jardin  

En vous promenant dans une forêt de feuillus, voire dans un jardin, il est possible de tomber nez à nez avec le blob ! C’est un organisme vivant d’aspect gélatineux ou compact. On peut en trouver sur les troncs d’arbres en décomposition, sous l’écorce ou les feuilles mortes de la litière comme c’est le cas pour Physarum polycephalum

Une découverte sensationnelle 

En 1973, non loin de Dallas, au Texas, Marie Harris découvre un matin dans son jardin, une chose étrange qu'elle décrit comme « mousseuse, crémeuse et jaune pâle, similaire à une omelette, pas plus gros qu'un cookie ». Elle ne s'en inquiète pas immédiatement, pensant qu'il s'agit d'un champignon. Seulement, deux semaines plus tard, elle s'aperçoit avec effroi qu'il grandit de manière inquiétante. Décision est prise, attrapant son râteau, elle le disperse dans son jardin. Seulement, le champignon réapparaît deux jours plus tard, régénéré. Son mari lui prête alors main forte et l'écrase à coups de bâton. Rien n'y fait, ils décident alors de l'empoisonner avec un herbicide, qui se révèle inefficace. La police est appelée au secours, et l'intrus est bombardé d'eau à haute pression et canardé à coup de fusil ! La créature survit à chaque attaque et semble invincible. Désespéré, le couple rend les armes, quand subitement, l'immortel ennemi disparaît, sans laisser de traces. Dans une Amérique encore marquée par l'affaire Roswell, la théorie impliquant une rencontre extraterrestre est immédiatement convoquée. En réalité, ils avaient simplement fait la connaissance d'un myxomycète inoffensif, que l'on surnomme aujourd'hui le « blob », en référence au film The Blob, réalisé par Irvin S. Yeaworth Jr, avec en acteur principal Steve McQueen. 

Objet d’étude pour les sciences participatives 

Une expérience de sciences participatives du CNRS menée par Audrey Dussutour et son équipe, intitulée « derrière le blob, la recherche », a été réalisée en 2022 à partir de l’hypothèse suivante : la croissance du blob et son comportement seraient affectés par les changements de température. L’idée étant de se placer dans le contexte du réchauffement climatique et de comparer l’effet d’une augmentation de la température de 0.5 °C à 8 °C sur le blob et sur une cousine Badhamia utricularis.  

3500 participant(e)s devaient comparer la résistance du blob et de Badhamia en fonction du profil de température : une augmentation brusque ou par paliers, une durée plus ou moins longue du pic, une fréquence ou une intensité plus ou moins élevée. Il fallait ensuite obtenir un pourcentage de mortalité en fonction des conditions de température. Il est possible de consulter les résultats sur le site du CNRS

À écouter

Écoutez l'histoire du blob racontée par Aude Bourgeois, vétérinaire au Muséum.

D'autres histoires fabuleuses sur nos collections sont à retrouver dans Les Curieuses histoires du Muséum, un podcast original co-produit par France Culture et le Muséum national d'Histoire naturelle.

Aller plus loin