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Tinus, le lamantin © Manuel Cohen - MNHN

Tinus et Kaï fêtent leur anniversaire

Au cœur des biozones

En ce début de mois d'octobre, deux des quatre lamantins du Parc Zoologique de Paris fêtent leur anniversaire. L'occasion de prendre quelques nouvelles...

Tinus, le trentenaire

Le 6 octobre 2019, Tinus fête son trentième anniversaire : un âge tout à fait honorable ! En effet, les lamantins ont une espérance de vie d'environ 30 ans.

Tinus est né au Zoo royal « Artis » d'Amsterdam. Il a séjourné au Burger's Zoo de Arnhem aux Pays-Bas avant de rejoindre le Parc Zoologique de Paris en février 2014.

Malgré son âge, Tinus est en bonne santé. Comme l'explique Alexis Lécu, directeur scientifique du Zoo, le lamantin est particulièrement doux et calme. Les soigneurs accordent une attention particulière à ses dents, qui lui ont posé des problèmes en 2017 et 2018. Il ne s’agit pas d’un cas exceptionnel chez cette espèce dont la denture se renouvelle continuellement. Parfois, les anciennes dents ne tombent pas et bloquent la poussée des nouvelles. Tinus a ainsi été pris en charge lorsqu’une gêne a été détectée, ce qui a permis de résoudre le problème et de revenir à sa consommation quotidienne de salade, aux côtés de ses congénères.

Pour reconnaître Tinus, observez sa partie ventrale : vous verrez une marque blanche en forme d’étoile. Autre signe distinctif : ses petits bourrelets sous les nageoires. Il est aussi le plus imposant des quatre mâles…

Vous pouvez parrainer Tinus et ainsi aider les équipes du Parc Zoologique de Paris qui étudient les populations de lamantins dans leur milieu naturel, identifient et luttent contre les menaces qui pèsent sur elles et participent au retour de cette espèce emblématique dans les territoires d’outre-mer.

Tinus le lamantin

Kaï en pleine forme !

Kaï célébrera quant à lui son dixième anniversaire le 8 octobre.

En une décennie, il a déjà vécu plusieurs péripéties : c'est, en effet, des raisons de santé qui ont motivé son accueil au Parc Zoologique en octobre 2018. Jusqu'en 2016, le jeune lamantin séjournait au Zoo de Singapour - puis a été transféré au Parc national de Guadeloupe pour y intégrer le programme de réintroduction. Kaï s'est difficilement adapté à son nouvel environnement. et a présenté progressivement des signes cliniques amenant l’équipe du projet à le prendre médicalement en charge et finalement ne pas l’inclure dans la suite du programme. Grâce à ses soigneurs, il a pu retrouver un état de forme suffisamment bon pour pouvoir rejoindre le Parc Zoologique de Paris à la fin de l’été 2018. Depuis son arrivée au zoo, son état a continué de s’améliorer : il a regagné plus de 50 kg, semble plus épanoui, grâce notamment aux contacts avec ses trois congénères. L’entrainement médical dont il a profité avec nos collègues guadeloupéens a été maintenu par l’équipe du Parc Zoologique de Paris, et il a même permis de stimuler Tinus, Husar et Herbert qui ont alors fait de gros progrès en la matière depuis l’arrivée de Kaï.

Kaï est identifiable grâce à la petite cicatrice qu'il présente sur la tête et par les vrilles qu'il effectue fréquemment.

Lamantin © F-G Grandin - MNHN

Une espèce à protéger

Le lamantin est une espèce vulnérable. Sa chasse est interdite depuis le début du XXème siècle. Des menaces d’ordre biologique, qui s’expliquent par la maturité sexuelle tardive de l’espèce, ou environnementales, causées notamment par la prolifération d’algues toxiques due aux changements climatiques ou à la destruction de son habitat naturel, pèsent sur les sirènes des mers.

Le développement des activités maritimes représente également un risque majeur. La sous-espèce de lamantin des Antilles est considérée par l’UICN comme « en danger » car il ne resterait plus qu’une dizaine de milliers d’individus dans les eaux de Guyane et des Antilles.

Dans le cadre d’un programme de conservation de l’espèce, le Parc Zoologique de Paris concentre ses efforts sur plusieurs actions. La première étant la réintroduction du lamantin en Guadeloupe, dans la baie de Grande Anse : le Parc Zoologique de Paris offre un support scientifique local et accompagne les équipes guadeloupéennes dans leur réapprentissage de la cohabitation avec le lamantin.

Un autre projet mené par les chercheurs du Museum National d’Histoire Naturelle concerne la phylogénétique des lamantins, en particulier la comparaison entre caractères anatomiques et génétique moléculaire, appliquée aux individus conservés ex situ comme les lamantins du Parc Zoologique de Paris, ainsi qu’à ceux présents en Guyane, où existent deux espèces différentes de lamantins.

Enfin le Parc participe à un troisième projet axé sur le comportement encore méconnu des lamantins : un travail sur leur personnalité, leur profil comportemental et  leur reportoire de vocalisation permettra de travailler et améliorer leur bien être dans la population conservée en zoo, mais aussi d’être plus précis sur la surveillance et les actions à mener avec les populations menacées dans le milieu naturel.

Nourrissage des lamantins © MNHN – F-G. Grandin