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Originaire des montagnes de Bosnie-Herzégovine, le triton alpestre de Bosnie serait aujourd’hui éteint à l’état naturel. Le Parc zoologique de Paris s’est donné pour mission de l’étudier en espérant le réintroduire dans son milieu.
Le triton alpestre de Bosnie est une sous-espèce de tritons endémique du lac Prokosko Jezero, situé à quelque 1670 mètres d’altitude dans les montagnes bosniennes. À cette hauteur, les conditions climatiques sont rudes en hiver. Pour s’isoler du froid, il passe alors le plus clair de son temps dans l’eau, à l’inverse des autres sous-espèces de tritons qui sont davantage terrestres.
Mesurant une dizaine de centimètres, le triton alpestre est de couleur verdâtre sur le dos et jaune sur le ventre. Il est doué de ses quatre pattes lui permettant aussi bien de nager que de se mouvoir sur le sol.
Il est aujourd'hui menacé de disparition : il n’y a plus de trace de l'espèce à l’état naturel depuis les années 1980. Durant cette période en effet, des truites ont été introduites dans le lac, véritables prédatrices pour le triton.
Le Parc zoologique de Paris s’est ainsi donné pour objectif d’étudier cette sous-espèce rare, et de favoriser sa reproduction en espérant la réintroduire dans son milieu naturel.
En 2015, le Parc zoologique de Paris a accueilli deux mâles et quatre femelles issus d'un réseau d'éleveurs spécialistes de tritons et de salamandres (le French Urodel Group).
Depuis 2016, et chaque année depuis, les tritons du Parc se reproduisent. Ils restent cependant cachés du public, puisqu'il s'agit d'animaux fragiles et menacés.
Olivier Marquis - gestionnaire des collections de reptiles et amphibiens - et son équipe s'occupent des tritons et les étudient. En 2017, Olivier est entré en contact avec l'ATRA (l'association herpétologique de Bosnie-Herzégovine) afin de mettre en place un programme d'étude local. 21 tritons furent trouvés dans des petites mares situées en périphérie du lac Prokosko. Des analyses génétiques ont été lancées et devraient permettre de déterminer si ces tritons appartiennent bien à la même sous-espèce que celle étudiée au Parc. Si c’est le cas, alors le triton de Bosnie ne serait pas totalement éteint dans la nature, ce qui serait une excellente nouvelle.
Pour leur bien-être, les tritons ont été placés dans des aquariums spécialement conçus pour reproduire leur environnement. L’élément le plus important est la qualité de l’eau, qui doit être aussi pure que celle d’un lac. Pour cela, un système de filtration biologique a été mis en place, sur le modèle de l’aquaponie : les déchets sont filtrés par des plantes, puis l’eau purifiée est réinjectée dans l’espace de vie des tritons. Ces plantes leur servent également de cachettes pour y déposer leurs œufs, ainsi que pour s’occuper des larves et des jeunes. Leur alimentation est essentiellement constituée de petits vers.
Pour maintenir leur rythme naturel et reproduire les conditions hivernales de montagne, l’équipe d’Oliver Marquis fait hiberner les tritons durant trois mois tous les hivers à 4 ° C. Ce procédé permet d'amorcer la reproduction des tritons.
Aujourd’hui, le Parc dispose d’un tiers de la population mondiale connue en captivité. Sa mission est donc cruciale dans la compréhension et la survie de l’espèce. Bien que l'avenir du triton de Bosnie soit encore incertain, le travail mené en Bosnie-Herzégovine a poussé les populations locales à s'intéresser de plus près à la biodiversité qui les entoure.