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Vue sur la Réserve naturelle des Nouragues en Guyane française © MNHN – O. Marquis

Sur les traces des caïmans nains en Guyane française

Découverte

Prêts pour une immersion dans la forêt tropicale humide ? Suivez Olivier Marquis en Guyane française où il cherche à comprendre l’histoire d’une espèce de caïmans nains.

Au cœur de la forêt tropicale avec Olivier Marquis

Olivier est spécialiste de l’écologie du comportement des reptiles et amphibiens, et gestionnaire de collection des reptiles, amphibiens et invertébrés au Parc zoologique.
Au quotidien, il coordonne les arrivées et départs des animaux pour d’autres zoos, suit la reproduction des espèces en lien avec les coordinateurs des programmes d’élevage européens, et échange avec les vétérinaires et soigneurs du parc pour améliorer les conditions d’élevage.
Mais Olivier a une 2e casquette, il est également chercheur. À ce titre, il s’investit dans plusieurs travaux de recherche : et l’un d’entre eux porte sur la connaissance des caïmans nains.

Olivier Marquis, gestionnaire de collection des reptiles, amphibiens et invertébrés du parc © MNHN – O. Marquis

Pourquoi étudier les caïmans nains ?

Deux espèces de caïmans nains sont recensées dans le monde : l’une est celle présentée au parc dans la Grande Serre - il s’agit du caïman nain de Cuvier (Paleosuchus palpebrosus) - l’autre - le caïman de Schneider (Paleosuchus trigonatus) - est une espèce dont on ne sait...quasiment rien.
 
Ces caïmans ont des comportements très différents des autres crocodiles : ils restent dans l’ombre, en milieux forestiers, dans de tout petits bras d’eau ; alors que les autres crocodiles vivent eux en milieux ouverts et au soleil.
Question : qu’ont-ils de si différent ?
 
Pour y répondre, Olivier a lancé une étude en 2016 avec 2 objectifs :

  • mieux connaître cette espèce et contribuer ainsi à la mission d’inventaire et de description de la nature menée par le Muséum
  • obtenir des informations sur les caïmans nains qui nous permettent d’adapter nos méthodes d’élevage au parc
Jeune caïman nain observé dans la Réserve naturelle des Nouragues en Guyane française © MNHN – O. Marquis
Jeune caïman nain observé dans la Réserve naturelle des Nouragues en Guyane française © MNHN – O. Marquis

Pourquoi la Réserve Naturelle des Nouragues ?

Olivier étudie les caïmans nains dans la Réserve Naturelle des Nouragues, en Guyane française. Rien que ça, ça fait rêver non ? Mais on vous l’assure, les raisons de ce choix sont bien scientifiques :

  • D’abord, parce que des caïmans nains ont déjà été observés dans cette forêt
  • L’autre raison, est plutôt d’ordre logistique : en plein cœur de la Réserve, se trouve la station de recherche du CNRS des Nouragues, un camp de base pour les chercheurs dans cette zone très éloignée des activités humaines. Ici, on a accès à tout ce dont on a besoin pour explorer la forêt pendant plusieurs semaines : abri, douche, bureau et même une connexion internet
Réserve naturelle des Nouragues en Guyane française © MNHN – O. Marquis
En plein cœur de la Réserve naturelle des Nouragues © MNHN – O. Marquis
La station de recherche du CNRS des Nouragues © MNHN – O. Marquis
Un bureau en plein cœur de la Réserve naturelle des Nouragues © MNHN – O. Marquis

En quoi consiste le travail de terrain ?

1 caïman, 2 caïmans, 3 caïmans...compter les caïmans et bien plus que ça !
Olivier cherche à mieux connaître la population des caïmans nains : combien de caïmans sont présents, quelle est leur répartition géographique, quels sont leurs déplacements, ont-ils un comportement différent entre la saison sèche et la saison humide, quels sont leurs liens de parenté, comment vivent-ils, seuls ou en groupes…?
Pour obtenir toutes ces réponses, Olivier devient « explorateur » de nuit et part à la recherche des caïmans, plus facilement repérables au reflet de leurs yeux dans la lumière des lampes frontales.
 
Un peu comme une énigme, relever tous les indices
Une fois qu’il les a repérés, Olivier capture les caïmans et relève différentes informations :

  • des mesures morphologiques pour connaître la taille des animaux en fonction de leur âge, connaître les étapes de leur croissance
  • des prélèvements de tissus pour réaliser des analyses ADN, connaître les liens de parenté entre les animaux, identifier la présence éventuelle de substances toxiques dans leur organisme
  • le point GPS de l’endroit où est observé l’animal afin de comprendre la répartition des animaux, leur mode de vie, leurs déplacements

 Une puce, un émetteur et ça repart
Il en profite également pour poser une puce et un émetteur sur chaque animal, ce qui permettra de les identifier lors d’une prochaine mission et de suivre leur déplacement pendant plusieurs mois.
 
Au fait, on vous rassure, tous les caïmans sont relâchés à l’issue de la manipulation qui ne dure que quelques minutes.

Prise de mesure sur un jeune caïman nain © MNHN – O. Marquis
Puçage d'un jeune caïman nain © MNHN – O. Marquis
Prise de mesures sur un jeune caïman nain © MNHN – O. Marquis

Les premiers résultats

Les deux précédentes missions ont permis de mettre en avant une différence de comportement des caïmans nains entre la saison sèche et la saison humide : aucun des caïmans capturés en 2017 ne faisaient partie de ceux capturés en 2016. La question qui se pose alors : mais où sont-ils passés ?

À la place, Olivier a pu faire une observation intéressante avec la découverte d’un nid de 15 bébés caïmans qui venaient juste d’éclore ; chose surprenante car ce type d’observation est très rare dans la nature chez cette espèce. C’est une chance de pouvoir identifier tous les individus d’une même fratrie car il sera maintenant possible de suivre leur croissance s’ils sont capturés lors des prochaines missions d’Olivier dans la zone.

Enfin, les premières analyses ont révélé que les caïmans avaient des traces de mercure importantes ce qui pose la question de la pollution de leur environnement dans cette zone où il n’y a pourtant pas d’orpaillage connu à proximité.

Autant de questions en suspens qu’Olivier tentera d’éclaircir lors de sa prochaine mission prévue en janvier 2019 !

Nid de caïmans nains découvert dans la Réserve naturelle des Nouragues © MNHN – O. Marquis

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Pour contribuer à la protection des espèces menacées, comme le caïman nain de Cuvier, vous pouvez soutenir nos actions en participant à notre programme de parrainage.

Caïman nain de Cuvier © MNHN - F-G Grandin

En savoir plus

Pour tout savoir sur le travail de recherche d'Olivier Marquis sur les caïmans nains, retrouvez nos actualités :