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Le couple de saki à face blanche et leur petit © F-G Grandin - MNHN

Le processus de mixage des espèces : l'exemple des primates de la Grande Serre

Arrivées d’animaux

Le projet d’immersion dans les biozones du Parc zoologique de Paris permet aux espèces d’évoluer dans un milieu naturel représentatif de leur écosystème. Cela comprend aussi la cohabitation avec d’autres espèces qui demande la garantie d’un certain nombres de critères.

Taille de l’enclos, constitution, comportement et interaction des espèces mélangées, comportement et personnalité des individus… Autant de critères à prendre en compte lorsque l’on souhaite introduire un mixage d’espèces en captivité.

Certains mixages se portent sur des espèces évoluant à des niveaux différents comme les girafes, autruches et marabouts de la plaine Sahel-Soudan. D’autres cohabitations demandent plus de vigilance. C’est le cas des primates de la Grande Serre tropicale.

Un titi roux (Callicebus cupreus) | © MNHN - F. Grandin
 Les sakis à face blanche (Pithecia pithecia)  © MNHN - F. Grandin

Les titis roux, une espèce très sensible

Hermoso, le mâle titi roux (Callicebus cupreus) est arrivé au Parc zoologique de Paris le 22 janvier, d’un convoi en provenance des zoos de Mulhouse et de Bâle. À ses côtés durant le voyage, une partie de ses futurs colocataires : deux tamarins bicolores (Saguinus bicolor) et deux tamarins lions à tête dorée (Leontopithecus chrysomelas). Mais les trois espèces n’ont pas tout de suite fait connaissance, et pour cause, ce mixage doit suivre un processus bien défini.

Avant cela, Hermoso a été mis en relation avec Picouna, la femelle titi roux arrivée une semaine après lui depuis la Vallée des singes. Si les deux individus ne se quittent plus, il faut savoir que dans leur milieu naturel, les titis évoluent en petite famille très soudée. Attachés à construire et entretenir des relations sociales fortes, ils montrent des comportements spécifiques à leur espèce, comme le fameux jumelage de queues et les longues séances de toilettage. Ces comportements vont de paire avec un caractère très sensible, aux individus ainsi qu’aux changements environnementaux. En captivité, les soigneurs doivent donc se montrer particulièrement doux et patients et redoubler de vigilance quant à la cohabitation avec les autres espèces. "Les titis vont évoluer avec les tamarins lions à tête dorée et les tamarins bicolores. Ces derniers ont un peu tendance à se prendre pour les rois et à imposer leurs lois !" explique Delphine Roullet, gestionnaire de la collection primates. Face aux titis plus sensibles, Delphine compte donc sur la présence d’une quatrième espèce, les sakis à face blanche (Pithecia pithecia) pour jouer les médiateurs.

Un mixage surveillé de près

Toutes les espèces sont donc d’abord gérées en intérieur. Les titis roux et les sakis à face blanche (Paulo et José, deux mâles) ont été mis en contact direct dans les loges intérieures et en contact visuel avec les deux espèces de tamarins. Les titis ont été les premiers à pouvoir s’approprier leur volière extérieure afin de pouvoir prendre leurs marques avant les autres et acquérir les repères et la confiance nécessaires à la cohabitation. Les sakis les ont rejoints depuis. Vétérinaire et curateur souhaitent leur laisser un temps d’acclimatation avant que les tamarins, plus turbulents, ne se joignent à eux. Ce mixage devrait ensuite être surveillé de près.

Les quatre espèces, vivant principalement au Brésil, font chacune l'objet de programmes d’élevages européens (EEP). Si les titis et les sakis sont classés comme "préoccupation mineure" par l’UICN, les deux espèces de tamarins sont, elles, classées "en danger" (les tamarins lions ayant fait l'objet de réintroduction au Brésil). Le Parc zoologique s’investit également dans un projet de conservation in situ pour le maintien des titis roux au Pérou et soutient la recherche sur cette espèce peu connue.

Pour en savoir plus sur les titis roux

Le singe titi rouge (Callicebus cupreus) est un petit primate arboricole vivant dans les forêts humides et denses du Pérou et du Brésil. Il est diurne et se nourrit de fruits et légumes. C’est un animal territorial qui pousse des cris territoriaux et marque son territoire par frottement d'épaule. La communication olfactive est très marquée chez cette espèce.