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Le Parc zoologique de Paris sous la neige © MNHN - F.-G. Grandin

Au zoo, certains animaux hibernent aussi !

Au cœur des biozones

L’hiver arrive, le froid s’est installé… Au Parc zoologique de Paris comme dans la nature, certains animaux ont commencé à hiberner.

Hiberner, hiverner : quelle différence ?

Commençons par une petite mise au point !

Hiberner se dit d'un animal qui passe l'hiver dans un état léthargique : son métabolisme tourne au ralenti afin d'économiser des forces. La température du corps descend, la cœur réduit ses battement (de 40 à 8 battements par minute pour un ours, par exemple), le sang irrigue en priorité les organes vitaux (cerveau, cœur, poumons)… Chez les mammifères, l'animal va puiser dans ses réserves de graisses faites pendant l'automne.

Parmi les animaux européens qui hibernent, on peut citer les hérissons, ours, marmottes, loirs, chauve-souris, tortues et grenouilles.

Un animal qui hiverne ne s’endort pas : il va simplement passer l'hiver dans un lieu plus propice. Les hirondelles européennes, par exemple, hivernent en Afrique.

La vipère péliade fait partie des animaux du zoo qui hibernent © MNHN - F-G. Grandin

L’hibernation chez les cistudes

Connaissez-vous la cistude d’Europe ? Cette espèce de petite tortue d’eau douce vit dans les fonds boueux des marais, les étangs et les ruisseaux.

Les cistudes sont poïkilothermes, c'est-à-dire que leur température corporelle varie avec celle de leur milieu (on les a longtemps qualifiées, à tort, d’« animaux à sang froid »). Dès que la température baisse, leur métabolisme ralentit et elles commencent à hiberner ! Il est très dangereux pour elles de se réveiller pendant l'hibernation : incapables de se nourrir, elles risquent de puiser dans leurs réserves et de s'affaiblir.

Pour simuler leur cycle naturel, les soigneurs du Parc zoologique de Paris font hiberner les cistudes dans de petites boîtes qu’ils remplissent de mousse végétale humide appelée « sphaigne ». Pendant une vingtaine de jours, ils diminuent progressivement la température de la pièce jusqu’à 6°C environ, tout en arrêtant le nourrissage. Les cistudes passent deux à trois mois en hibernation.

À leur réveil, les mâles paradent devant les femelles. Ils les poursuivent, leur mordillent le cou et les pattes : la saison de la reproduction peut commencer.

Deux jeunes cistudes sont nées le 18 juillet 2019 au Parc zoologique de Paris : une première ! Il faudra attendre entre quatre et six ans pour déterminer leur sexe.

Cistude © MNHN - F-G. Grandin

Au secours des cistudes

Les cistudes étaient présentes jusqu’au XIXe siècle dans l’ensemble de l’Europe avant que l’assèchement des étangs, l’urbanisation et la pollution entrainent le déclin de leurs populations.

L’espèce est désormais protégée par la Convention de Berne et, en France, par un arrêté ministériel de 2007. Un plan d’action national a été lancé pour restaurer leurs milieux de vie et protéger les populations de tortues isolées que l’on trouve encore dans le Centre, en Rhône-Alpes, sur le littoral charentais, en région Aquitaine, en Camargue gardoise, dans le massif des Maures et en Corse.

La réserve de la Haute-Touche, établissement du Muséum national d’Histoire naturelle, possède le plus gros élevage de cistudes de France et participe à leur réintroduction dans la nature. Incubées et élevées en milieu protégé, les jeunes tortues sont relâchées vers l’âge de trois ans dans des sites choisis.

Le Parc zoologique de Paris a lui aussi pour projet de relâcher, à l’avenir, de jeunes cistudes dans leur milieu naturel.

Cistude © MNHN - F-G. Grandin